Je découvre une chronique de SAUF, le recueil de Serge Cintrat, par Jean-Paul THOMAS, professeur de philosophie à l'IUFM de Paris, que je me permets de reproduire in extenso :
J'ai d'abord été intrigué par le livre de Serge Cintrat: allais-je goûter les aventures d'un humanoïde en l'an 14490 ou celle des Rois immobiles en 3080 ? Par chance, ces temps lointains nous sont bien proches.
L'ironie amusée de l'auteur fait merveille. Bien sûr, lorsqu'il écrit que « Tout avait été exprimé au procès », Kafka n'est pas loin ; lorsqu'il est question de « Punition et de Réhabilitation », la Révolution Culturelle se profile, mais pour le plus grand plaisir du lecteur, la science-fiction est gentiment parodiée et la fable – parfois la fable politique – s'éloigne des grands récits. L'écriture se veut transparente et neutre. Secrètement travaillée, elle suit son cours comme un fleuve dans son lit. La ponctuation est un modèle de sobriété. La phrase trouve ainsi sa force, elle délivre un sentiment d'évidence.
Les leçons de la fable s'imposent alors, les déplacements prodigieux dans le temps et l'espace soutiennent un regard lucide sur l'absurdité contemporaine mais laissent aussi transparaître la proximité d'une réalité que nos conventions masquent sans l'abolir, celle de la liberté, de l'imprévu, de l'amour, des pâquerettes dans les champs et des champignons dans les bois...
Jean-Paul Thomas
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